Jean CHARBONNEL

Jean CHARBONNEL

Né le 22 avril 1927, mort le 20 février 2014 à Paris, il passe son enfance à Fontainebleau, descendant d’une famille nantaise qui a été exterminée pendant la Révolution en 1793 sauf un garçon qui s’est réfugié à Tulle, Jean Charbonnel a été ce qu’on peut appeler un très brillant étudiant. Élève du Lycée Henri-IV puis du Lycée Louis-le-Grand, puis de l’École normale, il fut reçu agrégé d’histoire et entra à l’ENA à l’âge de 26 ans, ce qui lui permit par la suite d’être conseiller référendaire à la Cour des Comptes en 1962. Il aurait pu intégrer l’Inspection des Finances, mais la Cour des Comptes lui permettait d’avoir un peu plus de temps par ailleurs, pour se consacrer à d’autres activités, d’historien par exemple.
Avant d’avoir eu l’idée d’entrer à l’ENA, il avait commencé une thèse sur "le diocèse de Paris du Concordat à la Commune", encouragé par René Rémond, mais cela l’a ennuyé au bout de deux ans. Parmi ses camarades à Louis-le-Grand et l’ENA, celui qui allait devenir le Ministre des Affaires étrangères dans la première cohabitation, Jean-Bernard Raimond. Robert Poujade (futur ministre) était également un de ses camarades, et comme lui, très proche de Jacques Chaban-Delmas lorsque ce dernier fut à Matignon.
Démocrate-chrétien à l’instar de Maurice Schumann, Louis Terrenoire et d’Edmond Michelet, Jean Charbonnel fut attiré par l’action du Général De Gaulle en faveur de la France, qu’il voyait en sauveur. Lorsqu’il a dû choisir, il quitta le MRP en 1947 pour rejoindre le RPF puis, après 1958, des mouvements de gaullistes de gauche comme l’UDT, puis plus classiquement l’UDR et le RPR. Entre 1959 et 1962, il travailla comme conseiller technique au cabinet de Bernard Chenot, Ministre de la Santé publique, puis Ministre de la Justice, avant de s’engager dans la vie politique.
Il avait été recruté par le ministre Jacques Soustelle (également normalien) qui cherchait un auditeur à la Cour des Comptes qui fût gaulliste pour la création d’un département au Sahara. De cette première mission en Algérie en fin 1958, Jean Charbonnel comprit vite que l’Algérie ne pourrait pas rester française, et s’est battu résolument contre l’OAS.
Jean Charbonnel fut élu pour la première fois à l’Assemblée Nationale en mars 1962 comme député de Corrèze, dans une terre de mission, et son parcours électoral de parlementaire fut très chaotique, perdant en mars 1967 sa circonscription (face à Robert Dumas, l’avocat et ami de François Mitterrand), la reconquérant en juin 1968 et en mars 1973, la reperdant en mars 1978, et en juin 1981, la reprenant en mars 1986 (à la proportionnelle) et en juin 1988, puis, en se faisant de nouveau battre en mars 1993 (face à un candidat RPR) et en juin 1997. Il présida la commission des finances de l’Assemblée Nationale du 6 avril 1971 au 5 avril 1972.
Jean Charbonnel fut appelé deux fois au gouvernement, d’abord dans le troisième gouvernement de Georges Pompidou comme Secrétaire d’État chargé de la Coopération du 8 janvier 1966 au 1er avril 1967 (Il y avait un second Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Jean de Broglie ; Georges Pompidou lui avait laissé le choix entre la Coopération, travaillant avec Jacques Foccart et Maurice Couve de Murville, et le Commerce extérieur, travaillant avec Michel Debré), puis dans les deux premiers gouvernements de Pierre Messmer comme Ministre du Développement industriel et scientifique du 6 juillet 1972 au 27 février 1974, fonctions qu’occupa par la suite Jean-Pierre Chevènement entre 1981 et 1983.
Son positionnement politique (gaulliste de gauche) le mit de plus en plus mal à l’aise dans le mouvement gaulliste (dont il avait pris part à la direction entre 1968 et 1971 comme secrétaire général adjoint de l’UDR), surtout à partir de la conquête de l’appareil gaulliste en décembre 1974 par Jacques Chirac, député comme lui de la Corrèze. Il a compris à partir de 1973 que la maladie de Georges Pompidou l’a empêché de maintenir au sein du mouvement gaulliste des hommes de progrès (en juillet 1972, Georges Pompidou avait tenu à saluer au premier conseil des ministres du nouveau gouvernement les hommes de progrès en le citant ainsi que Georges Gorse et Edgar Faure). Un an après le départ de Jacques Chaban-Delmas de Matignon, la droite avait réussi à s’emparer de l’appareil gaulliste, mais Michel Debré avait conseillé à Jean Charbonnel de rester au gouvernement.

Bibliographie

Les derniers gaullistes (o) (1995) in La droite depuis 1789

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